Ce que la génération Y devrait savoir avant de faire un master
J’ai le plaisir pour cet article invité de laisser ma plume à Mariana Zanetti, auteure du livre « Le MBA est-il un investissement rentable ? » (Editions Maxima)
Si vous appartenez à la génération Y et que vous considérez que vous avez du potentiel, il se peut que vous soyez tenté à un moment donné de faire évoluer votre carrière autrement.
Si vous vous sentez un peu coincé(e) dans votre poste actuel et que vous ne voyez pas beaucoup de marge de progression salariale ou d’opportunités pour vous épanouir davantage, ou bien si vous êtes au chômage et que vous voulez augmenter vos chances de décrocher le job de vos rêves, il se peut que l’idée de faire un master vous semble une bonne solution.
Mais attention, tout ce qui brille n’est pas forcément de l’or !
Un master peut affecter sérieusement votre vie personnelle
Ce n’est pas uniquement la charge de travail que vous subirez durant votre formation qui vous pèsera. Beaucoup de ces masters vous conditionnent à suivre des chemins de carrière qui demandent un investissement en temps très important. Bien sûr, les salaires peuvent être plus élevés aussi, mais pas forcément le rapport temps de travail/revenu.
Si ce qui vous intéresse est d’augmenter votre rémunération, vous pouvez commencer à vous investir davantage dans votre travail sans forcément investir dans un master : au moins de cette façon vous aurez la liberté de lever le pied quand vous le voudrez, sans être conditionné(e) par le retour sur investissement de votre formation. Vous pouvez aussi vous préparer à changer d’entreprise et à négocier votre augmentation de salaire sans compromettre votre équilibre vie personnelle-travail.
Toute information publiée sur les masters n’est pas forcément objective
Eh oui, le business des masters est très rentable, ce qui est tout à fait légitime, mais vous devez être vigilant(e). Pendant des années, certaines écoles côtées ont profité de leur prestige pour accéder à des médias reconnus et parler de la pertinence de leurs programmes et du marché du travail, comme si elles étaient impartiales. Eh bien, elles ne le sont pas : elles sont en train d’œuvrer dans l’intérêt de leur business.
Si l’on demande à des experts du marché du travail, tels que des consultants en outplacement ou des membres des associations pour l’emploi des cadres, ils diront que l’impact d’une formation en master est généralement minime sur une carrière. C’est pour cela qu’il faut vraiment se renseigner auprès de personnes réelles, qui sont en relation avec votre marché, pour comprendre la véritable influence d’un master et pour déterminer si la formation mérite cet investissement.
Un diplôme sera toujours apprécié dans votre CV. Mais il se peut que cette appréciation soit marginale et qu’elle ne justifie ni le coût ni l’effort d’un master. Prenons un exemple : un indice de cet écart entre la valeur réelle générée par un master face à son coût réside dans le fait que, pendant que certains diplômés d’écoles prestigieuses ont du mal à s’en sortir en temps de crise, les frais de scolarité des masters de type MBA ont augmenté de 62% depuis 2005. Par ailleurs, certains experts signalent l’existence d’une bulle éducative dans ce type de formation.
Les masters n’augmentent pas forcément vos choix de carrière
La génération Y doit faire face à des nouveaux défis qui n’existaient pas auparavant. Le poids des accréditations a énormément baissé ces dernières années. Les employeurs ne sont plus prêts à vous donner des choix de carrière uniquement pour vos diplômes : ce qu’ils cherchent, ce sont des compétences pour apporter des solutions à des problèmes concrets.
Il se peut que les connaissances que vous acquerrez dans un master ne vous servent pas forcément à augmenter votre capacité à apporter des nouvelles solutions. Ni pour autant à augmenter vos possibilités de faire un changement de carrière, ou d’avoir une évolution de carrière horizontale ou verticale. Vous êtes dans l’ère de l’information et vous savez que toutes les connaissances sont accessibles en un clic de souris, ou à un prix dérisoire en achetant des e-books écrits par des experts. Tout ce dont vous aurez besoin pour apprendre à résoudre des problèmes concrets est donc à portée de main.
Pourquoi alors ne pas acquérir des compétences et/ou des connaissances concrètes au fur et à mesure que ces problèmes se présentent à vous ?
Soyez vigilant quant à la rentabilité d’un master
Vous êtes peut-être attiré(e) par les salaires publiés dans les classements des masters. Il semblerait que l’investissement dans un master se récupère en très peu de temps.
Mais le diable est dans les détails et il ne faut pas tirer des conclusions hâtives. Non seulement un nombre considérable de diplômés ne répondent pas aux questionnaires, notamment ceux dont les salaires sont les plus bas car ils ne sont pas fiers de leurs résultats. Mais il faut aussi tenir compte du fait que, très souvent, les écoles procèdent à une présélection de candidats qui auraient de toute façon réussi leur carrière sans le master. Les carrières n’ont pas une évolution statique, et une grande partie des augmentations de salaire se serait indiscutablement produite sans le master.
De plus, soyez vigilant(e) à l’interprétation des statistiques : les extrêmes sont aussi importants que la moyenne. Si Bill Gates entre dans une salle où il y a 70 SDF, les statistiques diront que dans cette salle, la moyenne du patrimoine du public est d’un milliard de dollars. Parfois, quelques cas exceptionnels peuvent fausser les statistiques.
Personne ne remet en question la valeur de la formation continue, mais de plus en plus de voix se lèvent contre la valeur des diplômes. Les qualifications ont servi aux générations précédentes à avoir de la sécurité et des garanties. Mais si vous appartenez à la génération Y, vous le savez déjà : le monde ne fonctionne plus comme ça. Les diplômes ne sont plus une garantie.
Un master peut éventuellement vous apporter une valeur ajoutée, mais attention à ne pas tomber dans les pièges du marketing, ni dans les paradigmes de la génération de vos parents, qui ont grandi dans l’ère industrielle. Nous vivons dans une ère où la capacité à trouver des solutions concrètes aux problèmes qui n’existaient pas avant est plus importante que les qualifications. Analysez donc bien votre décision avant de vous investir dans un master.
Ressources pour aller plus loin…
- Si vous êtes étudiant, vous allez adorer :
- L’ouvrage de référence sur la génération Y et sa relation avec les autres générations (Baby-boomers, X et Z)
crédit photo : Mary Gober
Monsieur Remouleau,
depuis que j etudie ts vos mail, je retrouve le force de me battre car je vois que mes compétences ont de l’avenir. Je ss de la génération X, vais dire mais je pense bcp kom les Y . Je vois vis avc les futur en tête, je reste jeune ms je souhaite manager les génération ancienne . Leur faire comprendre les évolution intergenerationnelle avec toutes les inventions qui nous font évoluer les mentalités dans/avec le temps….
ma perception de la vie vous convient elle? Ai je des chances d arrivée a ce but ou vous rencontrer afin d echanger mes points de vue!!????
Cordialement
Bonjour Laetitia,
Chacun a des compétences, quelque soit son âge et son expérience. Le plus dur reste de savoir les reconnaître puis les valoriser.
Pour votre perception de la vie, je ne me permettrais pas de la juger. Chacun possède sa propre perception, qu’il est légitime de respecter.
Et pour se rencontrer, avec plaisir si vous venez sur Lyon 🙂
Bon courage pour la suite
Rémi
Bonjour,
Cet article est très intéressant pour les personnes de la génération Y qui ont un CDI. Les formations par le biais de l’entreprise ou par le DIF, les CIF, les connaissances par soi même (ebooks, cours en ligne ….). Par contre en ce qui concerne les jeunes diplômés d’un master la réponse des employeurs est souvent « vos compétences ne sont pas assez larges ». Ces jeunes qui ont acquis de l’expérience par le biais de stages obligatoires ou par des contrats d’apprentissage ou de professionnalisation doivent se tourner vers un autre master (université) ou un MBA (école) afin d’obtenir une double compétence. Il faut aussi noter que pour les contrats d’apprentissage ou de professionnalisation seule l’entreprise finance le master (par exemple pour un master à Paris Dauphine) ou le MBA si l’école propose de tels contrats. J’ai l’exemple de trois jeunes, un vient de finir son deuxième master (en RH), un se spécialise dans la SSI après un master RH, une ayant obtenu un master marketing parcours business development manager va commencer en septembre un MBA e-marketing.
Cela prouve encore une fois qu’un jeune, ne possédant pas un réseau, doit enchainer les stages les contrats d’apprentissage ou de professionnalisation avant d’être pleinement reconnu et accéder à un CDD voire au miracle à un CDI.
Merci Katty pour le partage de votre expérience.
Votre témoignage renforce l’idée que la mentalité des entreprises vis-à-vis des jeunes diplômés doit évoluer : qu’elles leur donnent plus de chances ! Arrêter de recruter seulement aux diplômes mais regarder les compétences et le savoir-être.
je viens de lire votre article que je trouve très intéressant car je m’y retrouve. mon parcours a été fait de coupures. d’origine africaine, avec un bac +3 dans mon pays et ici selon l’organisme ENIC NARIC affilié au CNAM, j’ai un bac + 2 (juste ces précisions pour vous expliquer dans quel contexte, je me retrouve dans votre article)
J’ai travaillé comme assistante de direction de 1996 à 2000 dans une société qui représentait Microsoft en Afrique de l’ouest.. après la guerre en 2000, je suis venue en France. le temps que je régularise ma situation administrative, j’ai un peu perdu(je dirai même beaucoup perdu) la main : ce que l’informatique a évoluée !!!. depuis 2012 j’ai voulu avec un peu d’orgueil, refusé de rester dans cette situation de femme de ménage, garde d’enfant et personne âgée, je me suis inscrite au cnam pour préparer un titre professionnel responsable RH ; quelques unités d’enseignements validées et je suis mon parcours jusqu’à présent. mais ces derniers temps, je me pose de questions sur ce diplome que je prépare : est ce une perte de temps ? y’aura t-il de débouché pour moi en tant que personne issue de la minorité visible comme le dit le gouvernement précédent ? car voyez vous, j’ai été recalé à 3 entretiens d’offre d’emploi parce tout simplement, je ne maîtrise pas l’anglais (ou que je ne parle pas une seconde langue); oui, j’ai une expérience professionnelle de 4 ans dans le secrétariat et aussi de chef l’exploitation dans une société de sécurité pendant 3 ans. j’ai une forte capacité d’adaptation et dans n’importe quel domaine(mon dernier travail constituait à prendre en charge une personne âgée diabétique et perdant la mémoire : administration, rdv chez les médecins, gérer ses courriers de banque, recueillir sa vie par écrit, car ce monsieur était dans les maquis pendant la guerre, récit que ses enfants en ont fait un livre de famille. en lisant votre article, je me pose des questions sur le choix de la continuité de mes études, ou ai-je fais le mauvais choix ? ma sœur qui a fait du secrétariat et fait 3 ANS en Angleterre travaille aujourd’hui dans une société anglaise…je suis reléguée malgré mon expérience, mes diplômes, à faire du ménage et du repassage. tout en ayant un peu de regret d’avoir fait le mauvais choix, je finirai ce titre professionnel parce que j’ai pour habitude de finir ce que je commence. votre article est d’une vérité; merci
Merci pour votre retour Natou et pour le partage de votre expérience.
Bon courage pour la suite !
Je trouve criant de vérité ce que tu soulignes Rémi dans cet article sur « l’investissement dans un Master » (je me permets de te tutoyer parce qu’on se connait :)).
J’ai moi même commencé dans la vie en tant que technicien et ai vite compris que mon parcours serait semé d’embuches pour évoluer au sein de mon entreprise ou dans une autre, j’ai alors « investit » beaucoup de temps en cours du soir puis ai fait un Master dans le cadre d’un CIF. Je parle d’investir du temps car nous avons quand même la chance en France de pouvoir retourner à l’école sans que cela nous coûte tant que ça (grâce aux organismes qui peuvent aider à ce sujet).
On peut donc parler d’un réel investissement dans ma démarche qui m’a permis d’accéder à des postes qui étaient totalement inaccessibles à un Bac+2 (j’ai travaillé pour une entité d’une grande entreprise française de télécommunication dont je tairais le nom qui avait pour politique de ne recruter que des Bac+5).
Dans cette même entreprise j’ai rencontré une personne en particulier qui m’a sidéré en me sortant l’argument « J’ai fait 5 ans d’études dans tel sujet (en l’occurrence un langage de programmation très précis), et c’est un investissement pour moi, j’ai beaucoup travailler pour avoir mon diplôme, maintenant je ne veux pas avoir à réapprendre autre chose et je veux toucher mon retour sur investissement ». Pour cette personne qui ne travaillait pas beaucoup cela signifiait clairement qu’il voulait le jackpot sans avoir à se casser le cul pour parler grossièrement.
Et ça c’est quelque chose de très fréquent parce que les écoles ont un discours élitiste pour attirer les candidats et leur miroitent « vous serez les rois du monde » et que, persuadé de ça, les jeunes diplômés sortent en le croyant et pas en se disant qu’ils ont encore tout à prouver et surtout à donner de leur personne pour évoluer.
Peut-être que mon constat est très lié au domaine dans lequel je travaille, à savoir le développement informatique, qui est assez protégé de la crise depuis des années.
Enfin voila, je voulais juste partager ce petit retour d’expérience.
A très bientôt Rémi j’espère, j’ai pris le temps de lire un peu ton blog il est vraiment super intéressant.
Kazi
Merci Kazi d’avoir pris le temps de partager ton expérience sur le blog.
Je vois très bien de quoi tu parles, ayant moi-même travaillé dans le milieu informatique. De nombreuses entreprises en info, notamment les SSII, réservent leurs embauches aux bac+5 et passent à côté de nombreux talents… C’est bien franco-français cela, de rester coincé sur le diplôme…