Les 7 statistiques qui révèlent le fossé colossal entre la génération Y et la politique
Depuis plusieurs mois maintenant, un questionnaire à grande échelle a été lancé par France Télévisions. Il se nomme « Génération quoi ? ».
Son but est de dresser un portrait des 18-34 ans en France, autrement dit les individus de la génération Y.
A l’heure où j’écris cet article, déjà plus de 150.000 personnes ont déjà répondu ! C’est la plus grande enquête menée jusqu’à présent sur cette génération.
Les résultats ont été publiés il y a quelques jours. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils sont surprenants, édifiants, instructifs, ahurissants, stupéfiants, étonnants (rayez la mention inutile)
Intéressons-nous aux données liées à la politique et aux institutions. Ce sont celles qui ont provoqué chez moi un « wouah… Ah oui quand même ! »
Les statistiques qui fâchent…
Les résultats des répondants ont été rassemblés par France Televisions sous le titre « Tous pourris ». Cela me rappelle furieusement Coluche…
Les statistiques suivantes correspondent aux personnes entre 18 et 34 ans qui ont répondu à l’enquête :
- 90% des répondants pensent que c’est la finance qui dirige le monde
- 62% pensent que les hommes politiques ont encore du pouvoir
- 98% pensent que les hommes politiques sont corrompus
- 86% n’ont presque pas ou pas du tout confiance en la politique
- 87% ne font presque pas ou pas du tout confiance aux médias
- 57% n’ont presque pas ou pas du tout confiance en l’Europe
- 86% n’ont presque pas ou pas du tout confiance dans les institutions religieuses
C’est sévère !
Source : http://generation-quoi.france2.fr/portrait/tous-pourris/datas
La réaction des politiques
Les résultats de cette vaste enquête ont été communiqués à de nombreux politiques en vue de récolter leur réaction. Nous avons affaire à plusieurs réactions typiques :
- Ceux qui tombent authentiquement de haut
- Ceux qui disent « On le savait déjà. Cela ne nous étonne pas. »
- Ceux qui disent « On l’imaginait mais pas à ce point quand même. »
- Ceux qui justifient les résultats par « Ce sont des jeunes et ils ne s’intéressent pas à la politique. »
- Ceux qui détournent le débat pour ne pas montrer que cela les dérange – une vieille technique de politicien
- Ceux qui prennent cela comme une opportunité de se remettre en question et de changer la donne
Alors d’où vient ce désamour entre la génération Y et la politique ?
Tentons de trouver quelques explications au fossé existant entre la génération Y actuelle et la politique. Il est d’ailleurs bon de rappeler que depuis plusieurs décennies, les jeunes n’ont eu de cesse d’interpeller les hommes politiques. Le phénomène n’est pas nouveau.
Les jeunes ne sont pas représentés par les élus
Cela ne vous a pas échappé : très peu d’élus sont jeunes. La moyenne d’âge des députés à l’Assemblée Nationale est de 55 ans. Quant à la moyenne d’âge des sénateurs, on arrive à plus de 60 ans.
Comment un élu de 60 ans peut-il sentir ce qui est important pour un jeune de 25 ans ?
Les élites sont déconnectées des réalités
Ce sentiment d’être gouverné par une élite déconnectée des réalités du peuple n’est pas nouveau. De nombreux hommes politiques proviennent de la même école, l’ENA ou Ecole Nationale d’Administration. On peut se poser légitimement la question du formatage des esprits politiques et de la présence d’une pensée unique.
Et il suffit d’un élu qui ne connaisse pas le prix d’un ticket de métro pour renforcer l’idée que cette élite vit sur une autre planète.
La jeunesse a d’autres chats à fouetter
Au début de la vingtaine, les priorités dans la vie sont souvent celles-ci : étudier, trouver un premier emploi, quitter la dépendance financière de ses parents, socialiser, trouver l’âme sœur, s’amuser, découvrir la vie, etc.
Alors c’est sûr que l’agitation de la vie politique est parfois à mille lieux des préoccupations quotidiennes d’un jeune adulte. A moins peut-être que le discours politique capte leur attention…
L’essor d’Internet et de l’information alternative
Il y a encore 15 ans, il n’y avait que la télévision et les journaux papiers pour s’informer. Il était facile pour les gouvernements et les états de contrôler l’information. A présent avec Internet, la donne a complètement changé. Chacun a la possibilité de s’informer de lui-même en choisissant sa source d’information.
Les jeunes s’informent avant tout sur Internet. Et l’information trouvée n’est plus forcément celle « nettoyée et policée » des médias traditionnels de type TV et journaux. L’information alternative est à portée de clic. Voilà peut-être pourquoi la génération Y répond avec une grande lucidité à 90% que c’est la finance qui dirige le monde.
Manque de courage des hommes politiques
Deux statistiques sont à mettre en corrélation : 90% pensent que la finance dirige le monde / 62% pensent que les hommes politiques ont encore du pouvoir.
De prime abord, on peut penser que ces chiffres sont contradictoires. Si les hommes politiques ont encore du pouvoir, pourquoi laissent-ils le monde aux mains des spéculateurs de la finance ?
Rama Yade relève d’ailleurs la contradiction et en tire la conclusion suivante : les hommes politiques sont soit des menteurs, soit des incompétents. Pour ma part, je dirais plutôt qu’ils sont impuissants face à un système financier tentaculaire et omnipotent. Mais face à l’impuissance, comment l’être humain peut-il réagir ? En faisant preuve de courage.
Or force est de constater que depuis plusieurs décennies, en France et dans le monde, peu d’Hommes politiques ont véritablement fait preuve de courage pour changer positivement le monde. La personnalité et le courage d’un Gandhi, d’un Mandela, d’un Abbé Pierre, d’un Churchill, d’un De Gaulle, d’un Roosevelt, sont-ils en voie d’extinction ?
Malgré les promesses depuis plus de 30 ans, rien n’a réellement bougé
En 1980, lors d’une émission télévisée, le chanteur Daniel Balavoine interpelle un certain François Mitterrand, alors candidat à la Présidence de la République. La chanteur n’a alors que 28 ans et parle au nom de la jeunesse de l’époque.
L’échange est savoureux, je vous laisse le découvrir :
Bon et maintenant, on fait quoi ?
Etant moi-même de la génération Y, je partage la colère de nombreux jeunes et moins jeunes, quand ils entendent les hommes politiques s’exprimer. Avec les résultats de ce sondage, l’excuse « On suppute qu’il existe un fossé entre les jeunes et la politique mais ne dramatisons pas, ce n’est pas si grave » n’a plus aucune crédibilité. Car le constat est amer et peu encourageant.
Mais face à cette situation, il existe deux façons de réagir : soit s’apitoyer et constater ô combien la situation est déplorable ; soit proposer des solutions et des moyens de faire autrement.
J’en appelle alors à votre créativité. Faites part de vos réflexions et idées dans les commentaires. Que faudrait-il faire pour changer le rapport entre les jeunes et la politique ?
[…] Tous pourris ? Les résultats stupéfiances de la grande enquête "Génération quoi ?" sur le thème de la génération Y et la politique […]
Pour fondre génération Y et la politique, il serait bien plus apreciable d avoir un ministère plus jeunes et mixte Pr chacun. Pour en venir au vif du problème, je pense su il serait cohérent et intelligent de faire comprendre aux generation plus ancienne l évolution de la vie, changement des besoins vitaux pour faire évoluer notre économie et faire confiance a cette génération qui est le maitre de notre avenir.
Avoir des jeunes dans les ministères, et pas seulement en bas de la pyramide ou en tant que stagiaires, j’adhère 🙂
Quel sujet !
Je pense que le fonctionnement des institutions pourrait être changé, les choses ont changé et on peut fonctionner différemment d’il y a 50 ans ou plus ..
Nos représentants sont censés nous représenter, mais est-ce qu’on est sondé régulièrement sur nos opinions pour bien les représenter ? C’est le député qui prend moultes décisions mais sont-elles vraiment représentatives des personnes qu’ils représentent ?
Ne devrait-on pas voter pour des idées, des projets plutôt que pour des personnes ? des principes généraux à appliquer sur différents domaines, et les personnes gouvernantes se réfèrent à ce qui a été voté pour appliquer.
Est-il également compétent pour les prendre ? parmi les personnes représentées, n’y en aurait-il pas à même d’aider à la décision ?
Avec les moyens de communication d’aujourd’hui, il y aurait moyen d’utiliser l’intelligence collective pour mieux gouverner. On sous-estime les capacités d’auto-organisation et de créativité : wikipedia, les logiciels Open-Source, le crowdfunding (et bientôt le bitcoin qui sait 😉 ) …
La génération Y sera peut-être à l’origine d’un changement politique majeur qui sait ? 🙂
Jean-Philippe
Tu poses de bonnes questions Jean-Philippe.
Je pense que la génération Y a un rôle à jouer en politique et qu’elle le jouera dans un futur à moyen terme, car pour le moment la zone est « occupée » par les anciennes générations. Et elles défendent leur territoire avec ardeur face aux nouveaux arrivants !
Ce n’est pas pour rien que l’on parlait d’éléphants pour qualifier les ténors d’un grand parti politique français, aux dernières présidentielles…
[…] “ Tous pourris ? Les résultats stupéfiances de la grande enquête "Génération quoi ?" sur le thème de la génération Y et la politique” […]
Avant de réagir sur une information ce ce type, qui est une appel à la réaction , je m’interroge toujours sur.
J’ai réalisé sur le net 5 tests GenerationY. Les questions posées me semblent orientées pour détecter une classe d’âge jeune, et non pas pour détecter un état d’esprit ou des modes de fonctionnements spécifiques. En effet le fait d’avoir, par exemple, un tatouage, est un effet de mode. Cela ne va pas rendre la personne tatouée différente d’une personne non tatouée.
Le fait de ne pas avoir de travail quand on est jeune est agaçant, mais est-ce spécifique aux jeunes ?
J’ai une personne de ma famille qui à l’âge de 16 ans a fait une crise parce que son forfait mobile l’avait bloqué à 1000 SMS … en 15 jours ! A 24 ans, sa consommation de SMS a chuté, et elle ne fait plus de crise pour cela 🙂
C’est un exemple, qui ne vaut pas généralisationn mais c’est aussi une piste d’étude pour vérifier si les jeunes sont justes jeunes à faire des truc de jeunes 🙂 Et peut être qu’à 40 ans, ils auront aussi leur maison, avec 2 enfants, et un chien comme tous les vieux 🙂
Donc je suis intéressé par des études sur les études Generation Y.
Vous soulevez Laurent un point tout à fait pertinent : est-ce que les comportements que l’on prête à la génération Y ne s’appliquent-ils pas finalement à la jeunesse, quelque soit son époque ?
C’est une question souvent revenue dans mes séminaires en entreprise.
Et pour moi elle est fondée. L’impatience n’appartient pas à la génération Y mais à la jeunesse. La fougue également. La dispersion également.
Pour donner quelques exemples de ce qui en revanche est spécifique à notre époque et donc à la génération Y, c’est l’attrait pour les nouvelles technologies. C’est aussi une priorité donné à la recherche d’un travail passion, qui donne un sens à la vie. Cela était beaucoup moins marqué dans la jeunesse d’il y a 30 ans.
Effectivement à notre époque les nouvelles technologies sont très attrayantes. C’est à la fois vrai pour les jeunes, « Y » compris. Les jeunes sont très attirés par la possibilité de démultiplier les liens avec d’autres. J’aurais adoré avoir ces outils plus tôt, c’est à dire du temps de ma jeuness 😉 Mais c’est aussi vrai chez les plus âgés. J’ai pu constater cet attrait chez des retraités, lors de 2 ans d’animation sur le numérique dans une association. Je suis parfois bluffé par des retraités qui sont équipés de PC portable, tablette et smartphone (ce dernier pose soucis pour des problème de vue lié à l’âge). Ce qui tranche avec les plus jeunes c’est la qualité des réalisations (blog, site web, montage) mais des points communs qui sont un usage quotidien de Skype et de Facebook (sans doute pour communiquer avec les « Y »).
Cepenandt, je constate un fossé entre au sein de la Génération Y, selon le niveau socio-culturel (ouverture au monde ou pas selon son milieu, moyen financiers d’acheter des services et objets, ou bien, pas de moyens) et d’éducation (être sélectif sur le choix des sources d’informations, car produire de l’info nécessite de savoir bien lire et écrire et bien comprendre).
Que disent les études sur ce sujet?
En effet, je connais des jeunes ingénieurs en aéronautique chez AIRBUS qui font effectivement le choix d’un métier lié à une passion. Mais je connais aussi des jeunes avec un master2 en Biologie ou en Biochimie, qui ne trouvant pas de travail. Au bout de 2 ans de galère, ils tentent pour le premier, le concours de Professeur des écoles et, pour le second, un concours pour le Conseil Général. Pour ces derniers, il y a abandon de la passion pour revenir sur la priorité qui est de réussir à avoir son autonomie financière (etr faire des projets).
Est-ce que tous les jeunes font partie de la Génération? Ou bien est-ce seulement un sous ensemble d’une même classe d’âge qui ont la chance de pouvoir choisir?
La génération Y n’est pas un groupe d’individus totalement homogène. On peut analyser plus finement en appliquant d’autres critères sociologiques comme en effet le niveau social.
La conjoncture économique fait que certains mettent de côté le travail passion pour un travail alimentaire car il faut bien vivre.
Mais ce n’est pour moi plus automatique.
Certains choissisent de gagner peu mais de travailler dans ce qui a profondément du sens pour eux : regardez le regain d’intérêt pour les ONG, le bénévolat et les associations, les jeunes y sont bien présents.
[…] Dans un précédent article, nous avons regardé l’intérêt de la génération Y pour la politique. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on régresse dans ce domaine. […]
Donner plus de chances aux jeunes diplomes de rentrer dans le gouvernement et de tenir des places importantes.